Joseph accompagnant un ami peintre de ses parents, il lui servit de premier professeur de peinture dès l'âge de huit ans.

Joseph accompagnant un ami peintre de ses parents, il lui servit de premier professeur de peinture dès l'âge de huit ans.

Joseph et Françoise, son épouse, ironisant sur la crucifiction.

Joseph et Françoise, son épouse, ironisant sur la crucifiction.

En compagnie de Patrick Picarel et d'un ami, Joseph coule une des sculptures dans sa fonderie.

En compagnie de Patrick Picarel et d'un ami, Joseph coule une des sculptures dans sa fonderie.

Joseph Henrion est né dans une famille d’artisan-ébénistes du sud de Bruxelles le 30 décembre 1936. Très jeune, il s’intéresse à l’univers de l’atelier et aux outils de son père; vers huit ans, il apprend la peinture avec un ami de ses parents et dès l’adolescence suit des cours dispensés par le peintre Fernand Wery. Il fait ses études artistiques à l’Institut des arts et techniques de Saint-Luc à Bruxelles. A cette époque, il visite, en compagnie du peintre Arié Mandelbaum, quelques-uns des plus grands musées européens, parachevant ainsi son éducation artistique. Goya, Velasquez, Grünewald et Bosch le marquent particulièrement.

De 1956 à 1972, il est professeur de peinture et de dessin à l’Académie de Boitsfort et, à partir de 1972, professeur de sculpture dans la même académie. Roger Somville, alors directeur, y stimule les vocations artistiques et politiques.

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Joseph et Françoise.

Somville crée le « Mouvement réaliste », se voulant un rempart contre la déferlante d’art abstrait venue des Etats-Unis dans les années cinquante. Joseph s’en fera membre dès 1968, s’engageant par ailleurs en politique avec la ferme intention de mettre son talent au service de la cause commune. Les images insoutenables d’enfants vietnamiens brûlés au Napalm le bouleversent et seront à l’origine de nombreuses gravures.

En 1960, il épouse Françoise Dubois dont il aura 3 enfants : Véronique, David et Blaise, tous artistes. A l’occasion de leur voyage de noces, ils découvrent à Paris une boutique sur les quais de la Seine qui capte leur attention. Ce sera leur première rencontre avec l’art tribal. Fasciné par la force spirituelle qui se dégage des objets, Joseph se passionne pour les arts premiers et devient très vite un collectionneur averti. Françoise sera, tout au long de sa vie, sa grande complice, tant au niveau artistique qu’intellectuel.

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Jef Vanderstraeten, l’un des plus prestigieux collectionneurs d’art d’Afrique centrale..

À l’exemple de ses pairs africains, Joseph décide de passer au travail en trois dimensions et consacre, à partir de là, son existence à la création d’œuvres en métal. Il voyage en Afrique de l’Ouest avec Simon du Chastel à la recherche d’objets puissants. C’est lors de ce périple qu’il empruntera aux Akans du Ghana la technique de moulage de cadavres d’animaux. En 1971 et 1973, lors de voyages d’études, il étudie la fonte du bronze en Italie et installe, en 1972, sa propre fonderie dans son jardin avec l’aide de quelques amis et étudiants qu’il avait débauchés, dont le céramiste Patrick Picarel et le sculpteur Philippe Desomberg. Très vite, malheureusement, lors d’une fonte, le feu prend. Joseph Henrion abandonne alors sa fonderie pour se rendre, plusieurs mois par an, en Italie, à Pietrasanta où, jusqu’à la fin de sa vie, entouré d’artistes et d’artisans exceptionnels, il réalise de nombreuses sculptures. Son œuvre sculpté commence par un épouvantail, inspiré par l’écrivain Günther Grass; il déclinera cette figure en lui ajoutant des bras balanciers, un corps et un thorax pour, finalement, arriver à une sculpture de taille monumentale : Parole et Persée.

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Simon du Chastel, Baudouin de Grunne et Ben Tursch lors d’une exposition. 

Tout au long de sa vie, Joseph s’est intéressé à la condition humaine, à la capacité d’exister avec soi et les autres. Lorsqu’il découvre La Colonie pénitentiaire de Kafka , il éprouve un choc. La nouvelle lui semble illustrer à la perfection toute la férocité et la complexité de la condition humaine. L’artiste va alors consacrer toute son énergie à imaginer la machine à rendre la justice décrite par Kafka. Il réalise trois maquettes de plus en plus grandes dont la dernière est munie d’un moteur lui permettant de fonctionner. L’œuvre finale, dans laquelle les gens auraient pu se promener, aurait été réalisée sur une place publique à l’échelle humaine. Il réalise un storyboard en vue de réaliser un film autour de cette œuvre et va même jusqu’à faire un certain nombre de repérages et à imaginer un casting (Dufilho, von Sivers).

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Joseph dans son studio, à Pietrasanta,  en compagnie d’Enzo, l’ingénieur italien qui a mis au point le mécanisme de la machine.

La réalisation des machines a épuisé l’artiste en quête de reconnaissance. Pour se ressourcer et pour la première fois de sa vie, Joseph délaisse son atelier ; il consacre du temps à son cheval, retape de vieilles Volvo et débauche ses enfants en vue de créer un magnifique potager.

De retour à l’atelier, le marbre s’impose dans ses sculptures avec l’élaboration d’une série de « murs » avec en point d’orgue : « La colonne vertébrale ».

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Dans son atelier à Bruxelles.

Joseph a écrit: « Si je ne suis pas entièrement artiste, je ne suis rien ». Cette petite phrase illustre parfaitement la conscience de son statut d’artiste sans aucun autre moyen d’exister.
Il meurt d’une crise d’asthme à 46 ans.
Après sa mort, Françoise crée le centre de recherche et de diffusion « Art en marge » qu’elle dirigera pendant une vingtaine d’années, devenu par la suite le musée « Art & marges ».

Principales expositions personnelles:
• 1958 : Galerie Nouveaux Figuratifs, Bruxelles.
• 1961 : Galerie Vendôme, Bruxelles.
• 1964-66- 68 : Galerie Tamara Pfeiffer, Bruxelles.
• 1973 : Galerie Elias, Wieze. C’est à cette occasion qu’il rencontre l’un des marchands d’art primitif les plus respectés de son époque, Philippe Guimiot.
• 1973 : Galerie Continents, Bruxelles.
• 1976 : Sculptures dans l’atelier, chez l’artiste, Bruxelles.
Nombreuses expositions d’ensemble en Belgique et à l’étranger, parmi lesquelles:
• 1974 : Sculpture belge au Middelheim.
• 1975 : Aspect 2, Crédit Communal de Belgique- Bruxelles, Hasselt, Turnhout, Charleroi.
• 1978 : Veranneman 1981 – Delta 1982- Festival du Fantastique.

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Inauguration de l’installation de la sculpture La colonne vertébrale à l’espace Paul Delvaux à Bruxelles, avec Paul Delvaux.

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cheval

 

 

 

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